ÉLECTROMAGNÉTISME : calculs de SER
- Les codes de résolution par équations intégrales sont devenus ces dernières années un outil privilégié
dans la simulation numérique de la diffraction des ondes électromagnétiques, suite essentiellement au
traitement rigoureux qu'ils permettent dans les situations les plus générales. Leurs limitations se
situent à l'heure actuelle, de façon principale, au niveau des problèmes présentant des données d'échelles
multiples (par exemple, cas d'un fil métallique traversant une interface entre deux matériaux
diélectriques ou présence de détails influant sous certaines incidences de facon notable sur la
réflectivité radar (SER)) et des problèmes ayant une grande taille consécutive à un fonctionnement en
haute fréquence.
La stratégie, adoptée dans le cadre de ce programme de recherche, vise précisément à essayer de repousser
les limitations précédentes. Elle fait suite à des efforts qui ont été effectués ces deux dernières
années, par le laboratoire et le CEA, dans la maîtrise et l'utilisation des techniques de résolution par
la méthode multipôle. Rappelons que cette méthode est un procédé très élaboré de calcul rapide du produit
matrice-vecteur intervenant dans une résolution par équation intégrale des équations de Maxwell en régime
harmonique. Elle doit ainsi être couplée à des procédés efficaces de résolution de systèmes linéaires par
des méthodes itératives. Le CEA a développé cette technique dans le cadre de la résolution par les
Equations Intégrales de Després pour lesquelles la convergence du procédé itératif est assurée de façon
théorique et qui permettent de traiter des conditions aux limites compliquées. Le laboratoire MIP a
développé une compétence sur cette méthode et poursuit des études sur des approximations microlocales
(conditions de rayonnement sur la frontière de précision élevée) qui permettent d'obtenir des formulations
bien adaptées à une résolution itérative et une approximation initiale de la solution de bonne qualité.
Les directions de recherche identifiées, qui pourront faire l'objet d'actions successives, sont classées
ci-dessous par ordre prioritaire :
- l'approximation de la géométrie et des courants par des méthodes d'éléments de frontière de degré deux
(dans un premier temps par une résolution directe et ensuite par une résolution par une méthode multipôle)
- le développement de modèles rigoureux pour le traitement de la jonction d'un fil avec une surface
- l'utilisation de conditions de rayonnement d'ordre élevé sur le bord pour améliorer le conditionnement
des formulations par équations intégrales et déterminer une approximation initiale de la solution
- le développement de conditions d'impédance par des techniques d'homogénéïsation qui permettent de
prendre en compte par des maillages usuels des détails de l'ordre d'un centième de longueur d'onde
OPTIQUE NON-LINÉAIRE : équations de Maxwell-Bloch
- La réponse non linéaire de la matière à une excitation optique peut s'effectuer au niveau
microscopique en couplant les équations de Maxwell pour la propagation de l'impulsion lumineuse aux
équations de Bloch pour la matière. Celle-ci modélise l'évolution des populations d'électrons
sur les différents niveaux d'énergie des atomes ainsi que celle des cohérences quantiques entre ces
différents. Ces équations sont très précises sur le plan de la modélisation physique, mais elles sont en
revanche très coûteuses en temps calcul. Des modèles macroscopiques beaucoup plus simples, utilisant des
permittivités diélectriques non linéaires sont couramment utilisés dans la pratique. On sait néanmoins
qu'ils sont inaptes à rendre compte de certains phénomènes, notamment lorsque la dynamique quantique
des cohérences joue un rôle important. Le programme de travail vise à développer un code performant de
résolution des équations de Maxwell-Bloch bidimensionnelles sur maillage non structuré. Ce code, dont le
développement a été entrepris dans le cadre de la thèse de D. Reignier au CESTA (soutenue en mars 2000),
doit être validé et optimisé. Il sera ensuite utilisé pour cerner le domaine de validité et
d'utilisation des modèles macroscopiques dans leurs différents contextes d'application. Dans
un premier temps, l'application visée sera les cristaux à non-linéarité quadratique, tels le KDP, et
la conversion de fréquence.
SIMULATIONS DE PLASMAS ATMOSPHÉRIQUES
- Il s'agit d'étudier l'évolution d'une couche de plasma dense formée dans la partie
équatoriale de l'ionosphère à une altitude comprise entre 100 et 500 km. Dans certaines
configurations, cette couche de plasma est instable vis à vis de l'instabilité en dérive de gradient
(ou instabilité ExB). Il en résulte la formation de bulles de plasma de tailles de plus en plus petites
(striations), qui confèrent à l'écoulement de plasma un caractère turbulent. Sur le plan numérique,
la simulation d'un tel phénomène est coûteuse car la résolution est limitée par le phénomène de
diffusion numérique. Une simulation précise de la dynamique de ces striations nécessite donc des maillages
extrêmement fins.
Le programme de travail vise dans un premier temps à cerner le domaine de validité des modèles couramment
utilisés (notamment le modèle de type dynamo) et bien comprendre la nature physique des approximations sur
lesquelles ils sont fondés, en comparaison de modèles plus complets comme le modèle MHD ou Euler-Maxwell.
Dans un second temps, des modèles spécifiques prenant en compte la turbulence induite par
l'instabilité ExB seront établis en s'inspirant de l'approche statistique de la
turbulence en mécanique des fluides. On recherchera notamment un système d'équations régissant le
champ électrique turbulent engendré par ces instabilités. Des développements théoriques (recherche de
valeurs numériques adéquates des constantes de diffusion turbulentes) ainsi que numériques viseront à
quantifier et valider le modèle. Les développements numériques seront effectués en étroite collaboration
avec les équipes intéressées du CEA afin que l'interface avec les codes du CEA en soient facilitée.
ÉMISSION ÉLECTRONIQUE PAR EFFET DE CHAMP
- Ce projet a pour but de faire progresser la modélisation physique et numérique de l'émission
électronique par effet de champ, à partir des cathodes généralement utilisées dans les injecteurs des
faisceaux : cathodes velours, cathodes à réseau de pointes, etc.
Un premier axe d'étude est l'utilisation des techniques d'homogénisation pour modéliser
l'émission électronique par des cathodes à pointes. Ces cathodes présentent un réseau régulier de
protubérances appelées pointes. L'augmentation locale du champ électrique due à la pointe renforce
l'émission par effet de champ et permet d'extraire un courant très intense. Dans cette
collaboration, des lois d'émission « équivalentes » seront recherchées à l'aide de techniques
d'homogénisation, prenant avantage du caractère régulier du réseau de pointes présent sur la
cathode. Ces lois équivalentes devraient permettre d'éviter une résolution numérique à
l'échelle de la période du réseau de pointes et contribuer ainsi à une réduction du temps de
simulation. Leur mise en oeuvre numérique sera effectuée dans le cadre des méthodes particulaires,
notamment celles développées au CEA.
Un deuxième axe d'études concerne le phénomène d'érosion explosive caractérisant le
fonctionnement d'une cathode velours. L'explosion du matériau de la cathode produit un plasma
chaud et dense au voisinage de la cathode. Ce plasma se détend progressivement dans l'intervalle
cathode-anode. Il constitue un milieu extrêmement conducteur. A l'interface plasma-vide, des
électrons sont émis et accélérés par la différence de potentiel cathode-anode. Ainsi, l'interface
plasma-vide constitue-t-elle la véritable cathode « virtuelle » du dispositif. Au fur à mesure de la
détente de ce plasma, la distance entre la cathode virtuelle et l'anode diminue, augmentant du même
coup la valeur du courant d'émission de Child-Langmuir (qui est inversement proportionnelle au carré
de la distance cathode-anode). Le programme d'étude vise à développer un ensemble d'outils
(modèles et méthodes numériques) pour l'étude de cette situation. En particulier, la détente du
plasma créé par l'explosion de la cathode sera modélisée et simulée. Divers modèles seront
envisagés, notamment mono-fluide (un seul fluide pour l'ensemble des espèces en présence) ou
bi-fluide (un fluide spécifique pour chaque espèce : ions ou électrons). Dans le cadre de chaque modèle,
la dynamique de l'interface plasma-vide sera précisée. Enfin, l'émission d'électrons à
l'interface plasma-vide en direction de l'anode sera prise en compte et interfacée avec un
code particulaire décrivant la dynamique de ces électrons.
ÉQUATION DE FOKKER-PLANCK
- Dans ce thème, il s'agit de proposer de nouveaux modèles macroscopiques susceptibles de fournir des
approximations de l'équation de Fokker-Planck à un coût numérique raisonnable. On explorera
notamment des approches basées sur des versions Fokker-Planck du modèle de collision BGK-ellipsoidal, et
sur des développements de Chapman-Enskog utilisant ces opérateurs. L'objectif est d'obtenir
des modèles reproduisant de manière suffisamment fiable les caractéristiques macroscopiques essentielles
de l'équation de Fokker-Planck physique (temps de relaxation de l'énergie, de
l'anisotropie du tenseur des pressions, etc). Les développements viseront à valider ces modèles en
comparaison de simulations directes du modèle de Fokker-Planck.
MODÉLISATION CINÉTIQUE DE LA TURBULENCE FLUIDE
- On s'intéressera à une nouvelle approche développée par l'équipe de MIP et consistant en une
modélisation de la turbulence fluide par l'intermédiaire d'équations cinétiques. L'objet
de cette collaboration concerne la validation des modèles proposés par le biais d'une confrontation
avec un certain nombre de cas tests répertoriés dans la littérature et représentatifs des situations
physiques courantes. Les développements ultérieurs consisteront à prendre en compte la compressibilité,
les mélanges multi-espèces réactifs ou non, et l'anisotropie de la turbulence